LA CAPPELLA ANTONIANA

 

Padoue a celébré avec enthousiasme, l’an dernier, le septième centenaire de son Santo. Parmi les hommages rendus en cette circostance à la mémoire de l’illustre patron, il nous tarde de signaler l’étude historico-critique publiée par Giovanni Tebaldini, maître de chapitre de la basilique Antonienne, sous le titre: L’archivio musicale della cappella Antoniana di Padova.

L’auteur est bien connu dans le monde musical par ses compositions, d’un excellent style d’église, et plus encore peut-être par son ardeur à promouvoir, en Italie, le retour aux saines traditions de l’art religieux, toujours méconnues, hélas ! au profit d’un art baroque et théâtral. Il y a quelques semaines à peine il publiait dans la Rivista musicale italiana un vigoureux article : La riforma della Musica sacra in Italia, dopo il decreto ed il regolamento del luglio 1894, appel vibrant, qui constitue un acte de courage, si l’on considére combien le mouvement de réforme, encore si plein de promesses il y a trois ans, a subi d’épreuves, par suite d’une lamentable coalition et d’une opposition d’autant plus funeste, qu’elle est moins ouverte et de sa nature plus invulnérable. Dès la préface de son travail sur l’Archivio dell’Antoniana – travail entrepris par ordre de la présidence de la Veneranda Arca, et mené à terme avec un zèle d’érudition et un soin typographique dignes de tous éloges – l’auteur dévoile ses préférences pour les grandes traditions palestriniennes. Il se place franchement au nombre de ceux qui souhaitent le retour aux vieux maîtres, aux préraphaélites en peinture, aux palestriniens en musique. Une citation suffira pour rendre toute sa pensée.

“Les noms de Raphael et de Michelange, dit-il, de Paul Véronèse et du Titien, du Tintoret, de Tiepolo et du Corrège, ces grands maître de la couleur, sont demeurés vénérés sur les lévres des générations même les plus cultivées. Mais aujourd’hui, sans que pâlisse le moins du monde l’admiration pour les œuvres grandioses de ces pinceaux illustres, aujourd’hui d’autres noms, d’autres œuvres occupent avec plus d’amour, avec plus d’enthousiasme peut-être notre cœur et notre esprit…

“Qu’on ne trouve donc pas étrange si nous affirmons qu’un phénomène semblables, plus absolu encore peut-être, s’est produit pour la musique sacrée. Les conceptions pittoresques des XVI ed XVII siécles se conservent à l’admiration de quiconque aime les grandes lignes, la lumière, la couleur; mais les compositions sacrées des musiciens appartenant à la seconde moitié du XVII siècle, et à tout le XVIII, ont désormais perdu pour nous tout leur charme. Il nous faut remonter bien plus loin pour trouver dans les compositions écrites pour l’Église cette spiritualité sans laquelle toute conception, asservie à des formules vides, devient à bref délai à peu près inanimée.”

Après avoir fixé en quelques pages vigoureuses le point de vue auquel il s’est placé, M. Tébaldini parcourt les diverses périodes de l’histoire de la Cappella Antoniana.

[…] A cet aperçu historique critique – nous glissons sur le XIX siècle – M. Tébaldini ajoute une série de tables, énumérant par ordre alphabétique les productions contenues dans les archives musicales de la chapelle de St-Antoine: 1° musique religieuse, 2° musique profane, 3° ouvrages théoriques, manuscrits, correspondances.

Quelques autographes, reproduits en héliotypie, sont adjoints à ces elenchi; ce sont: le responsorium o lingua benedicta, du P. Vallotti; une lettre de l’abbé Vogler au P. Vallotti et la réponse de celui-ci; une lettre de G. Sarti au P. Vallotti; la préface du P. Martini au troisième livre du traité du P. Vallotti; un brouillon des Canzoncine sacre de G. Tartini.

Un index analytique et une table alphabétique rédigés avec soin permettent au lecteur de s’orienter facilment dans cet important travail, qui honore à la fois la Presidenza dell’Arca et le Maestro della Cappella del Santo.

Puisse M. Tébaldini se vouer longtemps à faire refleurir l’Antoniana et lui rendre l’esprit dont l’anima jadis le P. Costanzo Porta!

 

D.[om] L.[aurent] J.[anssens]1

 

(stralcio da “Revue Bénédictine”, a. III, n. 8, Maredsous – Belgio – agosto 1896, pp. 367-68)

 

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1. Dom Laurent Janssens, benedettino di Mared Sous, fu rettore del Collegio S. Anselmo di Roma. Nel 1888 tradusse l’importante opera Scuola di canto fermo per l’applicazione didattica dei preziosi insegnamenti di Don Pothier. Faceva parte della Commissione per la Musica Sacra . Fu sostenitore di Tebaldini nella polemica con Carl Gounod.

 

 

 

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